Lire les tréfonds des océans

Les sédiments déposés au fil des millénaires au fond des océans délivrent de précieuses informations sur l’évolution des conditions climatiques d’un passé lointain – pouvant atteindre plusieurs millions d’années.

Ce documentaire démarre par l’écoute d’une simple vague qui charrie des sédiments.

Esteban Richard, artiste, arpente la côte bretonne pour ramasser des résidus plastiques rejetés par l’océan. Une fois la collecte achevée, il se livre à une entreprise d’usinage de cette matière première conjuguant broyage et modelage. En mêlant les résidus plastiques et du ciment, il va créer des plastiglomérats.

« A travers ce projet, j’écris un scénario, j’écris une histoire dystopique, qui repose sur des faits réels. (…) Si on continue comme ça, si le plastique continue de se confondre avec une formation naturelle géologique, il ne s’agira plus d’une dystopie, mais un documentaire. » Esteban Richard, plasticien.

Les océans scellent les conditions climatiques, biologiques et hydrogéochimiques passées dans leurs couvertures sédimentaires. En analysant des carottes de boues lovées dans les tréfonds des océans, les sédimentologues ont une perception et des connaissances très fines du temps, à la fois en âge et en durée. Ils reconstituent les climats et l’histoire évolutive, migratoire, écologique des coraux, des céphalopodes, des micro-organismes, lors de périodes de stabilité ou de crises.

« En regardant des fossiles d’organismes qui ont vécu dans différentes masses d’eau à différents moments, on peut en déduire comment la circulation océanique se comportait sous différents climats. » Clara Bolton, paléo-océanographe.

On trouve donc de biens étranges sédiments dans les fonds marins. Ceux auxquels l’on s’attendait le moins, ce sont les pollens. En effet, l’histoire de la Terre est celle de l’alternance de périodes chaudes et de périodes froides, chacune avec une végétation caractéristique. Les pollens s’envolent, retombent sur la surface des rivières ou de l’océan. Ils finissent dans les abysses, emprisonnés dans les sédiments marins. Ainsi piégés, ils sont presque inaltérables et témoins de l’histoire des végétaux.

« Tout l’enjeu de la paléo-océanographie est de reconstruire ces changements de circulations océaniques du passé et de comprendre comment (…) ils vont réagir et s’accommoder des changements qu’on leur impose aujourd’hui. » Claire Waelbroeck, paléoclimatologue.

Ainsi, à travers les sédiments, les paléo-climatologues étudient par exemple les moussons du passé. Ils vont essayer de mieux comprendre comment va réagir le système et quel sera l’impact sur les populations en termes de ressources, d’eau, d’inondation, de sécheresse. Il en est de même pour El Nino qui semble revenir de manière de plus en plus récurrente si l’on compare avec les périodes anciennes.

Un documentaire d’ Aline Penitot , réalisé par Gilles Blanchard .

Avec :

Esteban Richard, plasticien et désigner.

Clara Bolton, paléo-océanographe, CNRS au laboratoire CEREGE , Université d’Aix Marseille

Lucien Montaggioni, sédimentologue, professeur émérite en géoscience à l’Université Aix Marseille.

Claire Waelbroeck, paléoclimatologue, directrice de recherche CNRS au Laboratoire d’Océanographie et du Climat de la Sorbonne

Maria Fernanda Sanchez Goni, paléoclimatogue, Ecole pratique des Hautes études de Bordeaux.

Guillaume Leduc, paléo-océanographe, CNRS au laboratoire CEREGE , Université d’Aix Marseille

Prise de son : Geofffrey Marie-Anne, Raymond Albouy

Mixage : Antoine Viossat

Stagiaire : Myriad Izard

Documentation : Anne Lise Signoret

Musiques :

Vikingur Olafsson – The bird as prophet

Chypho – Dewdrop

Cosmos Sheldrake – Bodies of water