Ce que les animaux doivent à la nuit / La Série Documentaire / France Culture
Depuis la nuit des temps, il semble que nous cherchions de la lumière dans l’obscurité. Et parfois, elle vient à nous, un soir lors d’une balade sur la plage. Alors que des vagues bleutées se brisent sur le rivage ; la bioluminescence semble surgir des grands fonds océaniques.
Ils sont peu nombreu-x-ses celles et ceux qui vont chercher au-delà de la surface et qui s’engouffrent dans l’océan profond. L’océanologue Séverine Martini explique la complexité de son travail : “La bioluminescence, c’est une émission de lumière vraiment très faible, la technologie qui permet d’enregistrer des images de la bioluminescence doit donc être extrêmement pointue, et ça fait seulement quelques années, 5-10 ans, qu’on a des caméras et des appareils photo numériques qui sont suffisamment sensibles aux faibles lumières dans le noir complet pour enregistrer des images d’organismes bioluminescents.”
Nous partons depuis la baie de Villefranche jusqu’à 2400 mètres de fond au large de Toulon. Christian Tamburini, directeur de recherche au CNRS explique l’intérêt de ce site : “Quand on étudie les milieux profonds, les côtes méditerranéennes sont idéales. La Méditerranée est souvent considérée comme un mini océan parce que les changements que l’on peut voir au niveau de la Méditerranée pourraient être représentatifs de ce qui peut se passer à l’échelle globale au niveau de l’océan. On essaye de déterminer des tendances que l’on voit éventuellement plus rapidement sur la Méditerranée pour essayer de les extrapoler au niveau de l’océan”.
À bord du sous-marin Pourquoi pas ? puis du Nautile, nous allons plonger avec des robots sous-marins, bathybot et la bathyfamily, à même de capter la bioluminescence sous-marine. Ils sont trois à descendre dans ces profondeurs, ils témoignent : “On descend dans la sphère, comme les capsules Apollo. On est trois personnes à l’intérieur durant toute la mission du sous-marin. Le pilote, qui est allongé en bas à gauche, le scientifique qui est allongé à côté dans une bannette en bas à droite, et le copilote qui est assis en position centrale dans la sphère”.
Une descente comparable à un décollage vers la lune : “On ne sait pas si on part au fond de la mer ou si on part dans l’espace, et c’est assez bizarre comme sensation“, “on s’envole. On sent juste que l’on est libre, on n’est plus fixé”, jusqu’à atteindre les profondeurs : “On découvre l’océan profond, et là, c’est un monde merveilleux, plein de particules, plein de choses, plein de vie. Ce n’est pas de l’eau pure contrairement à ce que l’on peut anticiper, de temps en temps, on voit passer une grosse crevette qui passe devant le hublot. Puis on descend tout sereinement, tranquillement. C’est super paisible.”
La profondeur moyenne de l’océan est de 3800m et encore en 2022, l’humanité n’a exploré qu’une toute petite partie des abysses. Bathybot va rester dans cette obscurité pendant 10 ans. Relié au continent, il va permettre de percer quelques mystères saisonniers ou capter des phénomènes bioluminescents encore inconnus, ce qui enthousiasme Séverine Martini : “Il y a forcément des choses insoupçonnées que l’on va découvrir, j’ai extrêmement hâte de voir ce qui va se passer au fur et à mesure des saisons, des années, des jours et des nuits. Forcément, c’est extrêmement excitant comme projet.”
Un documentaire d’Aline Pénitot, réalisé par Anne Depelchin.
Avec :
Catherine Vadon, Océanologue,
Séverine Martini, Océanologue, CNRS, Institut méditerranéen d’océanologie,
Evelyne Houliston, Directrice de recherche, Institut méditerranéen de Villefranche sur mer,
Gilles Ferrand, commandant du Pourquoi Pas ?, Genavir
François-Xavier Briand, Lieutenant, Genavir
Eva Castillo, officier polyvalente, Genavir
Aurore Lambert, matelot de roulante, Genavir
Guillaume De Parceval, Co-pilote du Nautile, Genavir
Christian Tamburini, Directeur de recherche au CNRS. Institut méditerranéen d’océanologie,
Dominique Lefevre, Directeur de Recherche au CNRS. Institut Méditerranéen d’Océanologie,
Marthe Vienne, étudiante, Institut Méditerranéen d’Océanologie,
Carl Gojak, ingénieur de recherche,CNRS, DT INSU.
Remerciements particulier à l’Institut Méditerranéen d’Océanologie, CNRS.
Et à l’Ifremer, au Cnrs, à l’Institut national des sciences de l’Univers, à l’European Multidisciplinary Seafloor and water column Observatory.