Un documentaire de création d’Aline Pénitot / Réalisation Gilles Mardirossian / Musique Jasser Haj Youssef
Inspiré du livre Loin de Damas d’Omar Youssef Souleimane, Éditions Le temps des cerises. / Mixage Mathieu Leroux
Syrie, comment représenter la réalité de la guerre ?

Quelle est la bonne distance pour écouter la réalité de la guerre ?
Quand nous passerons les frontières, fuyant les balles, ne dit à personne que nous sommes vivants. Omar Youssef Souleimane.
Alors que la guerre en Syrie s’éternise et qu’elle pousse des millions de Syriens et de Syriennes sur les routes de l’exil, Aline Pénitot s’est demandée : qu’elle est la bonne distance pour écouter la réalité de la guerre ?
Est-ce en restant au ras des récits et de leur brutalité ? Dans les paysages sonores d’Alsace ou d’Istanbul entourant aujourd’hui des Syriens et Syriennes en exil ? Par la distance des poèmes d’Omar Souleimane Youssef lus par Kashan Kalkor, un exilé d’Istanbul . A l’écoute commune d’un orage, à moins que ce ne soit un bombardement. Est-ce qu’il faut passer à travers la musique de Jasser Haj Youssef qui s’approche et s’éloigne, répond et questionne jusqu’à absorber la guerre ? Dans la traduction de Nada qui circule entre les langues et traduit les émotions? Par les allers-retours du micro tendu ?

Peut – être est -ce par le cri dans le vide d’Adib Shamas depuis Mulhouse :
Ils m’ont demandé plein de fois de raconter la guerre, les tortures, la sortie de la Syrie, l’exil. Mais ils ne m’ont jamais demandé qui j’étais. Et je crois que jusqu’à maintenant, personne ne m’a jamais posé la question.
Peut-être encore est-ce en écoutant le récit factuel de l’exode de Samah Renan et ses quatre enfants depuis sa maison bombardée jusqu’à la morgue de Paris pour y retrouver une nièce, en passant par la Turquie, un bateau, douze pays; ou à travers l’histoire irréelle de Muhammad Zaal Alsalloum depuis Istanbul jusqu’au sud de la Syrie où il fut forcé de rester pendant sept ans? Lui, qui a traversé le désert, les champs de mines, les prisons, les territoires de Daesh, parle en s’amusant du son des « éléphants qui lâchent des missiles » dans un humour glaçant et distant qui déplace la « folie de la Syrie » et la fait venir jusqu’à nous.
