2/4 Au bord d’une mare au Kenya

La Série Documentaire / France Culture

Au crépuscule, les mares deviennent des lieux de rassemblements pour un bon nombre d’espèces qui pendant la journée étaient plutôt dispersées dans la Savane.

Oublions un instant les imposants barrissements et, les rugissements, il se joue là, dans l’humidité de la nuit, un tout autre cinéma, un cinéma sonore, délicat, rare. L’audio-naturaliste, Fernand Deroussen remarque : “Les sons entendus durant ces nuits sont relativement subtils pour des gros mammifères, c’est très étrange. On pourrait penser qu’un éléphant qui arrive dans un buisson, c’est comme une boule de billard dans un magasin de porcelaine : ça fait tout exploser. Eh bien non ! Ils passent doucement, on ne les entend pas marcher, on les entend à peine souffler”.

Cachés dans une tente, dans un affut, les audio-naturalistes, les preneurs de son vivent quelques étranges aventures nocturnes pour les besoins d’une exposition ou à la demande des scientifiques.

Alors de nuit, le point de vue laisse place au point d’écoute des présences animales nocturnes. La biologiste Aude Lalis raconte une nuit autour d’un point d’eau dans la savane : “Le défilé des animaux est constant, c’est assez incroyable parce qu’on peut avoir en début de nuit les zèbres, puis ensuite les girafes, puis vont arriver les prédateurs : les lions, les hyènes. Ça va défiler comme ça, par clans d’espèces jusqu’aux premières heures de la matinée.” Elle voit dans ce cortège une véritable cohabitation : “C’est une harmonie, on a l’impression quelquefois d’être dans un tableau qu’on aurait nous-mêmes peint en mettant les espèces qu’on aime et dont on imagine la présence en Afrique”.

Fernand Deroussen évoque ce qu’il ressent en écoutant les sons de cette savane nocturne : “On est comme dans un concert. Vous avez les altos, vous avez les violons, vous avez la contrebasse, vous avez les percussions, et chacun est à sa place, ça se perçoit parfaitement dans le mouvement musical. Et là, c’est pareil, on sent que chaque espèce est à sa place sans gêner l’autre. Du coup, ça devient très beau à l’écoute. Et pourtant, ce n’est pas de la musique”.

Un documentaire d’Aline Pénitot.

Avec :

Fernand Deroussen, audio-naturaliste,

Damien Perrollaz, ingénieur du son,

Annemarie Ohler, herpétologiste,

Géraldine Véron, zoologiste,

Paul-André Calatayud, entomologiste,

Aude Lalis, biologiste.