Circulaire – relecture queer de Moby Dick

Reviens d’un repérage magnifique dans un ancien couvent dominicain. Reviens extrêmement troublée d’une relecture queer de Moby Dick par Camille de Toledo et comprends enfin ce que je cherche dans la composition circulaire de réponse de la baleine à bosse. Et ce qu’il y a de vertigineux dans le fait de jouer cette pièce faite de chants de baleine dans la nef d’une église à la fois en multicanal et en multidiffusion sur une couronne d’enceintes (couronne d’enceintes dans l’enceinte, vertige encore). Une église désacralisée certe, mais le sacre se serait juste niché ailleurs. Fais enfin le lien entre la Litany for the whale de Cage et le sacre (circulaire quand il devient morbide) de Stravinsky (le sacre-ifice d’une adolescente). Celui avec Debussy embrassant (en aval de Victor Segalen et en amont de Glissant comme seule la musique peut le faire) tout ce qui serait le mouvant et le trouble. Pour s’en remettre, va boire un verre-vertical de vieux rhum vieilli dans les antilles en fut de chêne (de bourgogne), construit par un menuisier-charpentier comme la voute de la nef d’une église, la coque d’un bateau, le corps d’un théâtre ou l’armature d’un cercueil. Celui de Queequeg par exemple, qu’il commande avec précision à un charpentier de marine et sur lequel il fait reproduire ses tatouages. Conclusion : penser à tatouer l’enceinte de l’église dans laquelle sera projetée la réponse de la baleine à bosse de manière circulaire. Tu me suis ? Tant mieux. Tu ne me suis pas ? Je reprends pas à pas. A un moment, il sera aussi question de projections, de directions, de tenir un cap. Mais pour le moment, il est question de circulation.

18 janvier, après une visite du Centre culturel de rencontres, les Dominicains, co-producteur de nos histoires baleinières.