Le froid t’aime

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Le froid est en décalage horaire.
Le froid résiste à tout plan gouvernemental.
Le froid et les ours dominent le monde et en plus, ils sont féministes.
Le froid cherche un contradicteur.
Le froid remplace les muscles.
Le froid et toi.

Le froid n’est pas culturel, il n’est pas nostalgique non plus.
Le froid est bi-exotique.
Le froid est post-écologique.
Le froid a un plan secret.
Son plan secret te concerne mais tu ne lui diras pas.

Pour comprendre le froid, il faut te débarrasser de ton parka, de ton igloo et de ton kayak.
Le froid te prend, quand il veut, où il veut, avec toute la force de son désir pour toi.
En cela, le froid est un imposteur, il provoque même un sentiment intense de liberté.
Pour comprendre le froid, il faut écouter la résistance de Camilleri, berger maltais, englué dans une vision stéréotypée du froid, et maintenir fermement le processus.

Le froid et l’harmattan se rencontrent rarement, mais quand ils le croisent, c’est la guerre.
Le froid précède l’arrivée des Vikings au Groenland et même celle de Pythéas en Islande.
Le froid a peu d’amis. Ils lui sont très intimes.
Le froid et la rareté sont liés pour l’éternité.

Le froid t’aime.
Crois-le quand le froid te le dit qu’il t’aime, il est sincère.
Le froid se rit de tout, surtout de lui-même.

Jeanne Lacland, publié le 19 juillet 2012, pour la revue en ligne du Théâtre du Rond-Point, Ventscontraires.net